Orange joue la carte de l’intelligence artificielle pour réinventer la banque

Orange joue la carte de l’intelligence artificielle pour réinventer la banque



Stéphane Richard a (enfin) dévoilé les contours de l’offre Orange Bank à l’occasion du Show Hello. Pensée en « mobile first », elle s’appuie aussi sur un réseau de boutiques physiques. L’opérateur a noué un partenariat avec IBM Watson pour apporter une couche d’intelligence artificielle et mieux servir le client. Objectif : en faire la « première banque apprenante ». L’offre sera accessible à tous à partir du 6 juillet prochain.

« Le secteur bancaire n’a pas encore fait sa transformation digitale ! ». Les mots prononcés ce 20 avril par Stéphane Richard, le patron d’Orange, lors du Show Hello, ont sans doute dû hérisser le poil des acteurs traditionnels du monde de la finance, qui investissent à tour de bras pour mener à bien leur mue. Et d’enfoncer le clou : « C’est d’ailleurs pourquoi les acteurs du numérique sont en train de passer au premier plan. Ces sociétés numériques pensent d’abord à l’usage ».

UNE OFFRE PHYGITALE ET (PRESQUE) GRATUITE



Après des mois de teasing, l’opérateur historique a enfin dévoilé les contours d’Orange Bank, devant un parterre de journalistes et partenaires conviés à la salle Pleyel à l’occasion du Show Hello, le raout annuel de l’opérateur. Gratuite (sauf en cas de compte inactif), l’offre est disponible sans condition de ressource, comprend un compte courant, une carte bancaire, un découvert autorisé et un livret d’épargne.

Pensée en mobile first (100% des opérations seront réalisables depuis l’application mobile, dont l’ouverture du compte), la néobanque s’appuiera aussi sur 140 boutiques existantes de l’opérateur (parmi les 650 magasins que compte son réseau). Une approche dite « phygitale », qui vise à réunir « le meilleur des deux mondes », selon les mots du CEO d’Orange.

ENVOYER DES EUROS PAR SMS



A quoi ressemblera cette banque centrée sur l’usage ? Sur scène, Stéphane Richard égrène les exemples. Les clients pourront, par exemple, régler avec leur smartphone en sans contact des achats d’un montant maximum de 300 euros et avec un plafond journalier de 600 euros. En cas de perte, les clients d’Orange Bank pourront aussi bloquer temporairement leur carte bancaire depuis l’application mobile. Un moyen malin d’éviter les contraintes d’une opposition permanente dans le cas où la carte serait retrouvée ultérieurement. Une fonctionnalité intéressante, mais pas inédite. C-ZAM, la nouvelle banque mobile de Carrefour, la propose aussi.

Au menu également, la possibilité de visualiser en temps réel ses mouvements bancaires et d’envoyer de l’argent à ses proches à partir des contacts de son répertoire ou en indiquant un numéro de téléphone. Charge ensuite au destinataire d’indiquer ses coordonnées bancaires après avoir reçu le SMS dans lequel se trouve un lien hypertexte. « Avec un téléphone, on envoie des mots, des photos, des vidéos et des euros », résume le CEO d’Orange…

UN ASSISTANT VIRTUEL DOPÉ À L’AI DE WATSON



Astucieuses, ces fonctionnalités suffiront-elles à créer la « rupture » promise par Orange ? Pour se distinguer des autres acteurs, l’opérateur sort une dernière cartouche : celle de l’intelligence artificielle afin de créer une relation client « sans pause ». Orange a ainsi noué un partenariat avec l’américain IBM pour exploiter les capacités cognitives de Watson. Depuis l’application mobile et le site internet, les clients d’Orange Bank pourront échanger 24h/24 et 7j/7 avec un assistant virtuel. « Plus vous échangerez, plus il vous connaîtra », assure Stéphane Richard.

Aujourd’hui, le chatbot serait en mesure d’appréhender une centaine de situations du quotidien bancaire. Au fil d’une discussion, il est par exemple capable de renseigner un client sur ses plafonds autorisés et d’augmenter seul ce plafond de manière temporaire. Une autre démonstration montre comment l’assistant virtuel peut aussi conseiller un client sur la contraction d’un crédit selon son épargne et pré-remplir certains formulaires. « Il anticipera vos dépenses en fonction de votre historique et pourra vous recommander d’épargner. Il est même capable de comprendre vos émotions comme le stress avec un système de reconnaissance de mots clés pour être le plus réactif possible », promet le patron d’Orange. En cas de besoin, « l’intelligence artificielle passera le relais à une équipe d’experts constituée de plus de 100 personnes appartenant au centre de la relation client d’Orange Bank », indique le communiqué de presse. Ces conseillers seront, eux accessibles dans des créneaux horaires plus classiques : de 8h à 20h, du lundi au samedi.

UNE BANQUE APPRENANTE



L’offre devrait au fil du temps s’étoffer avec des services de crédit et d’assurance, mais aussi via des collaborations nouées avec des start-up, l’ouverture des API de l’opérateur et l’écoute des clients. « Orange Bank place les utilisateurs au cœur de son fonctionnement. Chaque nouvelle offre sera éprouvée et améliorée grâce à nos clients et à l’agilité de nos équipes. Il s’agit de la première banque apprenante », se targue le dirigeant. Grâce à cette « complémentarité vertueuse AI – humaine », l’opérateur espère séduire deux millions de clients en France et atteindre un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros en 2018.

Bref, maintenant Orange c’est aussi une banque… Enfin presque. L’offre sera d’abord disponible pour les salariés Orange à partir du 15 mai, puis ouverte à tous le 6 juillet prochain. Encore un peu de patience donc pour voir arriver le big bang annoncé. Et plus encore, pour juger si l’opérateur est parvenu à transformer l’essai.